Écris-le ou les Mémoires du Maître du Monde

Évoluant avec aisance sur la terrasse à ciel ouvert du gratte-ciel, je distribuais sourires condescendants et salutations mondaines à mes invités tout en me frayant un chemin parmi eux. Soudain, j’ai remarqué un homme étrange qui se détachait de la foule environnante. Le murmure indistinct des conversations hétéroclites me berçait tel un fond sonore sur lequel glissait, imperméable, mon esprit. Encore suffisamment alerte pour me laisser gagner par la curiosité, j’ai détaillé cet individu avec un intérêt tout particulier. Ma première impression a imprimé en moi les stigmates de la fascination. Vêtu d’un smoking blanc aux revers satinés qui revêtait au déclin du jour des teintes bleutées, cet homme avait un curieux physique d’homme-enfant agrémenté d’une mystérieuse touche magique qui évoquait un ailleurs indéfinissable. Mince, mais légèrement enveloppé, il était de petite taille. Ses cheveux d’un noir ébène absolu contrastaient avec le col blanc de son smoking.